L’homme se détruit et en même temps détruit son habitat. Tout n’est plus
comme avant. Nous vivons une effervescence mondiale dramatique et aveuglante qui
précipite inéluctablement notre descente aux enfers. La peur est là, et
pourtant on a beau prendre des mesures pour échapper au pire: bouclé les
aéroports, fouillé les gens jusqu’aux os, assiégé, protégé, renforcé, créé des
systèmes sophistiqués pour prévenir le terrorisme et les crimes, le problème
reste ailleurs, car tant que les consciences sont manipulées, transfigurées,
l'homme qui en naîtra ne sera qu'une amibe qui a tendance à se phagocyter et à
phagocyter ce qui l'entoure. C’est le suicide collectif.
Quand je parle de suicide collectif, je ne parle pas seulement de ceux
qui se font exploser ou tuer au nom d'une quelconque religion, secte ou
croyance, je parle surtout de cette autodestruction vertigineuse qui entraîne
l'homme dans sa spirale, celle qui s'empare des consciences éveillées ou
endormies et les projette dans un enfer sans limites. Une étude de l'Université
Simon Fraser de Vancouver publiée dans la revue Nature intitulée
«Approaching a state-shift in Earth's biosphere» montrerait qu'«un effondrement
total de la planète se produirait d'ici la fin du siècle». Cette étude menée
par des scientifiques fait état de la «dégradation générale de la nature et des
écosystèmes, les fluctuations climatiques de plus en plus en plus extrêmes et
le changement radical énergétique global.» Ces transformations sont décrites
comme irréversibles.
En effet, tous les signes prédisent cette catastrophe et seule une
révolution au niveau des consciences peut apporter une lueur d'espoir. Un
examen de conscience s’impose. D'après Arn Moers directeur de recherche de
l'étude citée ci-dessus :«les hommes n'ont rien fait de réellement d'important
pour éviter le pire car les structures sociales existantes ne sont juste pas
les bonnes. C'est comme si on refusait d'y penser. Nous ne sommes pas prêts.
Mes collègues ne sont pas juste inquiets. Ils sont terrifiés.»
L'homme est devenu son propre ennemi. La beauté, le bien et les valeurs
ont changé de sens. On ne reconnaît plus qui et qui. L'excellence a cédé sa
place à la médiocrité parce qu'on le veut: consciemment ou inconsciemment? Là
est la question. L'homme choisit d'occulter ce qui lui rappelle ses erreurs,
ses faiblesses, il est confortable dans ce qu'il ne voit pas. La beauté est
miroir de sa laideur, la compassion est celui de sa cruauté. Sa remise en
question provoque sa mort, un bouleversement de son être physique et
psychologique alors que celui-ci espère une mort paisible, lente et douce
surtout pas maintenant mais plus tard bien plus tard. Les morts brutales il les
préfère à l'écran, mais pas en lui, c'est trop douloureux.
L'homme est un kamikaze qui s'ignore, en se détruisant, il détruit tout
sur son passage. Aucun être vivant n'est épargné, rien n'échappe à cette
folie destructrice. Sa force illusoire lui fait pivoter la tête dans tous les
sens et le vertige qui s'en suit lui fait perdre la raison. Son âme ou plutôt
ce qu'il lui reste d'âme est ailleurs. Elle est dans l'argent, le sexe et le
pouvoir. Vide de toute vie, de toute conscience. Il condamne les erreurs des
autres, les atrocités des autres, mais ces autres ne reflètent-ils pas son
ombre? Ces êtres destructeurs de la vie ne sont-ils pas sa création, sa marque
à lui. Ces monstres à la Frankestein ne sont-ils pas créés puis rejetés et
oubliés dans la nature.
La beauté crée la beauté et la vie, mais l'homme d’aujourd'hui semble
s'opposer à toute manifestation de la beauté et de la vie. On continue de
parler de crimes et de terrorisme comme si, à chaque fois, l'acte est nouveau.
Non il ne l'est pas, il est là depuis que l'homme est homme, depuis Abel et
Cain. La seule différence, c'est que l'homme de ce siècle se pense plus en
contrôle de son destin, plus malin et plus évolué qu'avant, un surhomme quoi.
En chacun de nous sommeille un prédateur qui cherche à se libérer. Il
prend différentes formes, il est comme ces OGM qui pourrissent notre nourriture
et notre âme, ces bombes que nous portons en nous en silence et qui font
exploser à chaque fraction de seconde nos cellules et désintègrent nos corps,
nos esprits et ceux de nos enfants.
Pourquoi tant de haine envers nous-mêmes et envers notre environnement.
Pourquoi écoutons-nous la voix de la mort et de la destruction plutôt que celle
de l'amour et de la vie? Pourquoi fait-on taire la vie, la joie, pourquoi cette
destruction planétaire? Tant de questions à poser et à se poser. On est tous
reliés par le même destin, ce qui arrive à l'un finira par atteindre l'autre et
nous revenir sous une forme ou une autre. Nous sommes un Tout indivisible.
Il faut émerger de ces cauchemars, se réveiller de nos illusions, de
cette folie des grandeurs qui nous étouffe sous son poids. Il faut comprendre
la symbolique de notre passage sur cette Terre et ses raisons premières afin
que la conscience collective évolue vers les sphères élevées de la connaissance
et de l'amour. Cette intelligence du cœur pourra-t-elle enfin nous sauver de
nous-mêmes, pourra-t-elle aider à reconstruire ce qui reste de notre humanisme et
de notre planète. C’est cela l’éveil qui, espérons-le, nous conduira vers la
renaissance.
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