lundi 7 décembre 2015

Terrorisme: pourquoi seuls les musulmans doivent-ils se justifier?





Les musulmans du monde entier appréhendent de plus en plus des attaques terroristes contre les Occidentaux et pour raison. En effet, à chaque fois que cela se produit, ils savent qu’ils seront la cible d’attaques en retour: agressions verbales ou physiques. Les regards se tournent vers eux et s’ensuivent la méfiance et la suspicion d’une part et d’autre. A chacun de leur pas, ils sont pointés du doigt et doivent rendre des comptes et justifier des actes dont ils ne sont pas responsables.

Mais pourquoi doivent-ils se justifier et s’expliquer pour des actes qu’ils n’ont pas commis? Pourquoi doivent-ils porter le blâme et vivre dans la peur et l’angoisse d’être agressés? Pourquoi l’islam est devenu pour la plupart des Occidentaux la religion du terrorisme et de la violence? Est-ce bien la faute à la religion ou aux hommes qui projettent leurs désirs dans la religion?
Mais essayons d’adopter pour une seconde l’étroitesse et la vision de ces esprits et donnons les exemples suivants : que dira-t-on de ces prêtres qui agressent et violent de jeunes enfants, serait-il légitime d’accuser tous les chrétiens de pédophilie.

Dans un autre registre, que penser des chrétiens de la planète quand les colons venus de France, de Belgique, d’Angleterre … ont volé, pillé les terres, quand ils ont torturé et tué des milliers, que dis-je des millions d’innocents. Quand ils ont privé des enfants de leurs parents et les parents de leurs enfants, quand ils ont dépossédé les populations de leurs biens, quand ils les ont appauvris et les ont plongés dans l’ignorance. Cette même ignorance qui a donné naissance à l’intolérance et à l’extrémisme. Quel nom doit-on donner à ces gens-là? Doit-on parler de terroristes chrétiens, doit-on blâmer tout le christianisme et les chrétiens de la Terre? Comment peut-on qualifier ceux qui ont massacré des millions d’autochtones, d’indiens d’Amériques et d’Australie, de ceux qui ont lancé la bombe atomique sur le Japon, de ceux qui ont tué des familles entières en Afghanistan, en Irak, en Birmanie, au Vietnam, et qu’en est-il des juifs face aux massacres en Palestine, sont-ils tous des Sionistes? Accuser est simple et facile, et ce n’est pas le musulman, le chrétien, le juif ou le bouddhiste qu’on doit accuser mais les hommes ou plus précisément l’hommerie qui se cache derrière.


Aujourd’hui, tout le monde doit rendre des comptes, car l’espèce humaine est de plus en plus en proie à ses instincts les plus meurtriers. Selon Stephen Hopkins : «Les gens disposent toujours de leurs instincts, en particulier quand il s'agit d'une pulsion agressive comme ce fut déjà avec les hommes des cavernes. Ces agressions ont augmenté nos chances de survie. Mais quand nos technologies modernes s'allient avec cette agression ancestrale, c'est l'ensemble de l'humanité qui est en danger.»


Dans ce siècle dit moderne, les hommes se délectent de sang de leur prochain. Le comble c’est qu’ils exhibent leurs victimes ensanglantées sans pudeur ni état d’âme. Quel avenir doit-on espérer pour cette humanité déchue, dénaturée? Les hommes sont devenus ou bien traqueurs ou bien proies. Et il y en a ceux qui, confortablement cachés dans leur tanière, en attendant que la tempête passe, nourrissent leurs démons au feu de leur rancune et cultivent leur haine dans l’ombre de leur peur. La peur est partout, partout où tout semble différent. Dieu lui-même leur semble différent. Il est à l’image de ces différentes religions. Il est tantôt chrétien, tantôt musulman, tantôt juif… il est tout sauf cette Unité universelle et suprême qui rassemble les cœurs quelle que soit la couleur, la race ou la croyance des êtres.


Oui, chacun a sa religion, mais quels que soient les dogmes et les pratiques, celle-ci est une assise et un support à la spiritualité. Les pratiques ne doivent pas être prises au premier degré, car elles vont au delà de simples préceptes ou règles. Dans notre monde, la voix du religieux est beaucoup plus forte que celle du spirituel. On porte plus d’attention aux pratiques qu’à l’essence de celles-ci. Mais ceci paraît normal dans un siècle qui valorise l’image et les apparences. L’image fausse souvent la réalité, renforce les divisions et nourrit les débats et les polémiques chers aux médias, et comme l’habit ne fait pas le moine, les faux dévots deviennent maîtres de la situation. Ils imposent leur idéologie et diffusent leur poison.

La religion symbolise le fruit, mais celui-ci est sans goût et sans intérêt si on n’en extrait pas le jus et le parfum. Si on cultive l’essence de toutes les religions, le monde se réunira autour des mêmes valeurs universelles : l’amour, l’empathie, la compassion, etc. Il ne sera plus question de divisions ou de séparations, mais d’unité. Malheureusement, la nuit sera longue, et seule des générations conscientes, individuées pourront réaliser cette unification. On vit actuellement une période chaotique, au lieu de porter un regard sur soi, chacun accuse l’autre. On est notre propre ennemi. On a peur de se regarder et on choisit de vivre dans l’illusion. On oublie qu’on est tous reliés par le même destin que nous le voulions ou non. La mort de l’autre c’est notre propre mort, la haine de l’autre c’est celle que nous portons enfermée et refoulée dans les dédales de nos âmes. Il est important de libérer nos âmes du joug de la haine et de la peur qui nous divisent, car ce n’est qu’à ce moment-là que nous pénétrons dans les espaces sacrés de l’amour et de la sérénité, des terres interdites à jamais aux ennemis de l’humanité.

Pour conclure, je ne trouverai pas mieux que les paroles d’un homme à la fois sage et brillant, celles d’Albert Camus :

Mon cher,
Au milieu de la haine, j’ai trouvé qu’il y avait en moi un amour invincible. Au milieu des larmes, j’ai trouvé qu’il y avait en moi un sourire invincible. Au milieu du chaos, j’ai trouvé qu’il y avait en moi un calme invincible. J’ai réalisé à travers tout cela que, au milieu de l’hiver, il y avait en moi un été invincible, et cela me rend heureux, car il dit que peu importe comment le monde pousse contre moi, en moi, il y a quelque chose plus fort, quelque chose de mieux poussant de retour.


Bien à vous

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